« Nous sommes dans des maladies d’écosystèmes » selon Damien Meyer

Auvergnat de naissance, chercheur en Guadeloupe spécialisé dans les maladies émergentes, Damien Meyer préconise une approche intégrée des systèmes de santé : le « One Health »

Tu es spécialisé sur les maladies émergentes. Comment les définis-tu, et pourquoi travailles-tu sur ce sujet depuis la Guadeloupe ?

L’émergence, c’est la survenue d’une maladie pour différents types de facteurs – parce que le vecteur est présent, parce qu’il y a des évènements qui favorisent l’apparition de la maladie – dans un endroit où elle n’était pas présente. C’est vraiment une question d’actualité, même au-delà du Covid-19.

La Guadeloupe est une sorte de poste avancé des maladies émergentes pour la France.

En Guadeloupe, le CIRAD  est une sorte de poste avancé pour la France : nous sommes davantage soumis à ces émergences, et aux aléas climatiques. De plus, l’insularité apporte de la fragilité, au niveau des biotopes mais aussi des infrastructures – les CHU ne sont pas du tout comme en Métropole ! Idem pour les hotpots de biodiversités, avec beaucoup d’échanges illégaux d’animaux, de plantes … Enfin, on est en territoire français, ce qui facilite le travail de recherche.

Ton travail au CIRAD de Guadeloupe te permet-il de faire le lien avec ce qui se passe dans l’hémisphère nord ?

En effet, les maladies émergentes qui touchent aujourd’hui ces continents, nous les avons vues chez nous il y a un certain nombre d’années. Par exemple, la dengue, sur laquelle nous travaillons depuis des décennies avec l’ institut Pasteur , émerge actuellement à Montpellier parce que le vecteur est présent … alors que c’est déjà une maladie endémique en Guadeloupe.

Les maladies émergentes qui touchent aujourd’hui les pays du Nord, nous les avons vues chez nous il y a un certain nombre d’années.

Donc, en tant qu’Auvergnat, ça m’intéresse beaucoup ! Vu de Guadeloupe, tu vois très bien à quelles maladies peuvent être confrontés des territoires en France métropolitaine – des maladies qui nous sont familières ici et donc que l’on peut aider à anticiper.

Comment analyses-tu les raisons de ces chocs sanitaires ?

Ces émergences sont liées à la fragmentation d’habitats naturels qui étaient unifiés et protégés auparavant, notamment à cause de l’anthropisation et de la surexploitation des milieux. Autrement dit, l’homme arrive dans un habitat “natif” où il n’avait jamais mis les pieds avant.

Ce fut par exemple le cas pour Ebola : les hommes se mettent à manger de la viande de brousse, attrapent une maladie de primates, la diffusent dans le village … mais c’est tellement violent, Ebola, qu’on peut réagir vite et bloquer la progression de la maladie. 

Ces émergences sont liées à la fragmentation d’habitats naturels qui étaient unifiés et protégés auparavant.

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